Compte rendu du week-end des 26 et 27 mai 2012 à Marcevol
   
À l’invitation de l’Association de protection du site de Marcevol, qui lutte contre un projet golfique et immobilier aberrant, les membres de la SMBCN se sont succédé pendant deux jours dans ce lieu remarquable par son prieuré du XIIe siècle et son église du XIe, sans oublier une vue superbe sur le Canigou. Ils n’étaient pas les seuls sur place, puisque d’autres étaient venus observer insectes, oiseaux et autres bestioles, le but du jeu étant de dresser un premier inventaire de la flore et de la faune de Marcevol. Inutile de dire que les botanistes n’ont pas chômé, puisqu’à la fin du week-end ce sont plus de trois cents espèces qui ont été recensées dans un périmètre englobant le prieuré et les prés environnants, le hameau et le territoire du golf. Peu d’espèces protégées, mais une flore riche et variée, avec quelques jolies surprises.
Chaenorrhinum origanifolium ou Linaire à feuilles d’origan
Ainsi, le mur nord de l’église du prieuré est tapissé de nombreuses touffes de linaire à feuilles d’origan (Chaenorrhinum origanifolium) auxquelles se mêlent plusieurs pieds de persil (Petroselinum crispum). Quant aux prés voisins, ils constituent un véritable paradis pour les trèfles, et en quelques dizaines de minutes nous en avions recensé une bonne quinzaine, dont Trifolium leucanthum (protégé régionalement) et le très petit et très rare Trifolium retusum cher à Jean-Marc, sans oublier d’autres espèces peu communes, telles que Trifolium sylvaticum et Trifolium strictum, ou encore l’adorable Trifolium subterraneum, qui a la particularité d’enterrer se fruits (d’où son nom vernaculaire de trèfle enterreur). En chemin, nous croisons d’autres naturalistes dont nous admirons les trouvailles, entre autres une grenouille tout effarouchée ou la grande sauterelle Saga Pedo, la magicienne dentelée, protégée nationalement et internationalement
Reconstitution artistique de la magicienne dentelée
Cyanus segetum ou bleuets
Inula helenioides ou inule fausse-aunée
Le territoire du golf, dominé par la forêt de chênes verts, est pour sa part envahi par les cistes, essentiellement le ciste de Montpellier et le ciste à feuilles de laurier, par la lavande stœchas et la thapsie, tandis que la centaurée du solstice, fidèle à son nom, attend les derniers jours de juin pour ouvrir ses capitules dorés. Parmi les curiosités, notons que le chardon béni (Cnicus benedictus) est assez abondant en cette saison et que, même si Marcevol n’est pas un paradis pour les orchidophiles, ces derniers ont pu rencontrer de très beaux exemplaires de Serapias lingua, Cephalanthera longifolia et Limodorum abortivum. Autre surprise agréable, l’abondance des bleuets (rebaptisés depuis peu Cyanus segetum, il faudra s’y faire). On n’aura garde d’oublier une jolie station d’Inula helenioides, l’inule fausse-aunée, espèce protégée nationalement qui fleurira en juin-juillet.
 
Le hameau de Marcevol possède lui aussi quelques espèces originales, par exemple l’ortie à pilules (Urtica pilulifera) et la minuscule campanule à petites fleurs (Campanula erinus). On y trouve également en abondance le marrube (Marrubium vulgare) et une cucurbitacée aux propriétés assez étonnantes, le concombre d’âne (Ecballium elaterium) : lorsqu’il arrive à maturité, son fruit, petit concombre à poils rudes, explose au moindre contact, laissant échapper un jet blanchâtre accompagné de graines. Ce qui, bien sûr, réjouit petits et grands !

Urtica pilulifera ou ortie à pilules
Ecballium elaterium ou concombre d’âne
L’après-midi du dimanche s’est terminée dans l’église du prieuré, où les naturalistes ont présenté au public les photos de quelques-unes de leurs plus belles trouvailles. Un dernier mot pour souligner la qualité de l’accueil et l’esprit de convivialité qui a régné tout au long de ce très beau week-end.
 
 
Texte : Jean TOSTI
Photos : Evelyne Rabaso et Serge Peyre