Compte rendu de la sortie du 2 octobre 2005
La forêt de Py

Une bonne quinzaine de personnes, bravant le mauvais temps annoncé, devaient se retrouver ce dimanche matin 2 octobre sur le parking du village de Py au départ des différents chemins de découverte de la réserve. Tout a commencé par une leçon de lecture du paysage donnée par Louis depuis la terrasse de la maison de réserve.

C’est ainsi qu’on apprend que la vallée forestière de la Rotja, face à nous, était, à la fin du XIX ° siècle complètement déboisée du fait d’une utilisation de l’espace pour les cultures, le foin et le pâturage et des conséquences de la sur-exploitation de la forêt pour approvisionner les forges catalanes en charbon de bois.
Suite aux différentes phases d’exode rural qui ont suivi, particulièrement à partir des années 1950, la recolonisation forestière a été initiée par des espèces pionnières : suivant les conditions écologiques et la proximité des semenciers se sont installés le Bouleau ou le Frêne, accompagnés du noisetier et de nombreuses autres espèces, créant un paysage de forêt feuillue riche en espèces.
Plus tard s’installent les espèces plus stables (climaciques) qui formeront des peuplements moins diversifiés où domineront, suivant les conditions stationnelles, soit le Chêne sessile sur les versants ensoleillés ou plus rocheux, à la base de l’étage montagnard, soit le Hêtre et le Sapin pectiné un peu plus haut ou en versant nord.

Betula pendula
Le Bouleau
Après l’exposé, nous nous engageons sur le chemin de Cantapoc dont le départ situé à plus de 1000 m d’altitude devrait nous amener à plus 1350 m. Tout d’abord, en nous éloignant du village après avoir longé des vergers et des jardins, nous rencontrons sur une centaine de mètres, quelques arbres majestueux qui nous rappellent la grande richesse de notre forêt :le Noyer royal à l’écorce si blanche, le Frêne commun à la dichotomie si parfaite, le Merisier aux rameaux brun rouge si brillants et le Châtaignier avec ses grandes feuilles lancéolées. Considérés en foresterie comme des essences nobles du fait de la qualité de leurs bois, un petit diagnostic de situation soulève le problème que poserait leur exploitation principalement pour des raisons d’accessibilité. 

forêt de Py
La forêt de Py

Cytisus oromediterraneus
Genêt purgatif

Nous profitons de la situation pour aborder le concept de « station forestière » souvent utilisé par les forestiers : une station forestière est une portion de territoire homogène quant à ses caractéristiques écologiques. Pour les forestiers, la caractérisation d’une station permet de déduire ses potentialités en matière de production forestière. C’est ainsi que les terrasses que nous avons traversées semblent être des stations forestières à bonne potentialité; la présence de feuillus dits précieux est là pour le confirmer.

Un peu plus haut, un petit promontoire nous permet de bénéficier d’une vue exceptionnelle sur Py et ses environs. Une seconde lecture de paysage nous permet de mieux constater l’impact de l’exposition sur les formations végétales présentes. Un versant à exposition sud recouvert de formations ouvertes : landes, pelouses, et un versant à exposition nord recouvert de formations beaucoup plus forestières, sont le résultat de conditions naturelles et d’activités humaines différentes. À un détour du sentier, Marie-Ange récolte une espèce de champignon qui pourrait être peu commune mais elle réserve sa détermination définitive pour plus tard. Puis côte à côte nous trouvons du genêt à balais et du genêt purgatif, situation très pédagogique pour expliquer leurs différences.

Louis et Serge
les meules de foin
Nous ne pouvions pas traverser la réserve naturelle sans présenter quelques mesures réglementaires visant à protéger les espèces et les habitats naturels, en particulier la directive « Habitats », directive européenne liée au réseau de « sites Natura 2000 ». Elle consiste en une liste d’habitats et d’espèces, qui présentent un intérêt biologique important à l’échelle européenne, pour lesquels la Communauté européenne demande aux Etats membres de désigner des sites où ces habitats et espèces seront maintenus dans le meilleur état de conservation possible.

Au sens du Muséum national d’histoire naturelle:  « L’habitat est un ensemble non dissociable constitué d’un compartiment stationnel, d’une végétation et d’une faune associée ». Sur le site de Py, parmi les habitats naturels d’intérêt communautaire répertoriés, on trouve la « lande à genêt purgatif ».
Puis nous traversons un ravin où nous observons quelques Aulnes glutineux dont certains sont dépérissants et d’autres ont un port élancé. Leur dépérissement peut être naturel car l’Aulne est une espèce ligneuse peu longévive comme les Saules marsault et les Peupliers.

Après la traversée de la Rotja, le chemin parcourt un versant mieux exposé (sud et ouest) qui traverse plus souvent des landes rocheuses, un passage calcaire et quelques ruines qui témoignent avec les terrasses de l’intense occupation humaine passée sur ce territoire. Nous arrivons en fin d’après midi aux portes de Py, où après avoir longé les meules de foin dressées en bordure des rares prés de fauche et traversé à nouveau la Rotja, nous montons un chemin bordé de murets de pierres qui nous ramène au centre du village.

Texte: Serge Peyre et Louis Thouvenot
Photos: Josette Argaud