Compte rendu de la sortie du 20 avril 2008 à Vingrau

« La sortie de VINGRAU » ou l’Ecole buissonnière « aussi » vraie que nature

 

Nous avons pu lire dans la presse locale sous une rubrique hebdomadaire qui nous est familière que la sortie de VINGRAU du dimanche 20 avril 2008 sur le plateau des Corbières, avait tenu ses promesses. Ce à quoi, les 15 participants n’y croyaient pas. Un temps maussade, chargé de pluie les accueillait à l’arrivée au village, où une fresque murale leur apprenait que son nom n’était autre que l’étymologie de vingt marches (degrés) qui traduite en catalan signifie : « VINGRAU ».

Vingrau
 
Il fallut plus de 20 marches pour gravir le haut du village. Nonchalamment, le long des ruelles montantes, le groupe s’étirait vers son point culminant, dominé par l’église, derrière laquelle s’opère le regroupement.
 
Dissimulé sous un bouquet d’arbres, un sentier pierreux, serpentant à flanc de colline, se frayait un passage dans une rude montée, conduisant sur le plateau.
 
On crut qu’il ne serait jamais atteint. Là, où le simple randonneur n’aurait perçu que désolation au milieu de bandes à demi calcinées, d’où émergeaient des tas de cailloux, accentuant l’aspect lunaire de ce paysage, se dissimulait une flore très riche
 
on s'engage dans la vallée Traces d'incendie
Nos botanistes faisant le dos rond aux nuages, plus menaçants que jamais. L’œil rivé au sol, ils donnaient l’impression de découvrir des trésors inespérés.
Ca et là , parmi ces pierres éparpillées ou amassées en murettes, ça sentait bon la flore, passons pour le thym qui en avait fait son terrain de délectation. Nos fouineurs de la nature, dénichaient le spécimen qui faisait l’admiration du groupe et suscitait les observations les plus controversées que les livres ouverts à même le sol mettaient tout le monde d’accord. Avec un pareil étalage d’ouvrages colorés pour la plupart, on se serait cru à la foire du livre organisée sur une place publique. De mémoire de randonneurs, c’est la première fois que chacun avait fait suivre la source de son savoir.
 
Chou des montagnes
Leur diversité devenait l’objet de la curiosité collégiale. Ici, dans le silence de l’air lourd et muet, loin du lycée ou de l’université, le chemin des écoliers se confondait avec l’école buissonnière. Nul n’était pressé, insouciant au temps qui s’écoulait, sourd aux heures qu’égrainait dans le lointain, le clocher du village, totalement indifférent à l’orage qui menaçait.
 
L’ascension reprenait, marquée par petites étapes, les yeux rivés au sol et sur les livres ; Nous montions ainsi vers un plafond de plus en plus bas, à la rencontre de lourds nuages noirs que les bourrasques réduisaient en lambeaux sur les crêtes déchiquetées des falaises surplombant notre terroir ; Nous marchions vers un horizon bouché, noyé dans la brume qui courait sur des nuages enflammés comme sur l’incendie on voit fuir la fumée.
 

Qu’importe, tout l’intérêt se fixait dans cette caillasse où se dissimulait tout l’attrait de la sortie. Quand vint l’heure du repas, nous avions pris un tel retard, que la moitié du groupe, satisfait de sa collecte et prenant enfin conscience de l’orage tout proche, renonça à poursuivre la marche en avant et battit retraite sous les premières gouttes de pluie qui éclaboussaient les rochers.
Plus audacieuse, l’autre partie reprit l’ascension vers le but final.

 

Après 1 heure de marche, l’orage avait changé de contrée et la crête vaincue, un énorme bouquet de « Chaenorrhinum origanifolium et Brassica montana » rutilant de couleurs, émergeait des entrailles d’un rocher tout blanc, accueillait cette victoire.

Le trau del caval
 

Le soleil avait réussi à crever les nuages, invitant le groupe à une agréable promenade sur cette muraille séparant plusieurs vallées inondées de lumière. Et chemin faisant ce fut la découverte d’une autre merveille de la nature : une gigantesque trouée dans la roche, véritable fenêtre ouverte sur un autre site verdoyant : « le trau del cavall ».

 
Un trou rempli de légendes justifiant à lui seul la joie de cette sortie mais pour les botanistes il y en avait d’autres, il suffit de consulter la longue liste des espèces recensées ce jour là pour s’en convaincre.
 
campanule des corbiéres Erodium glanduleux
 
  Texte : Jean Adrien Vidal
Photos : Monique Bourguignon et Serge Peyre