Compte rendu de la sortie du 29 mars 2009 à Rodès

Les gorges de la Guillèra (Commune de Rodés)

 

Au départ du parking, le groupe d’une vingtaine de personnes se forme. Une petite explication sur la toponymie du nom du village est glissée. Plusieurs interprétations existent : lieu où abonde la rue - défrichement - défilé  - domaine appartenant à l’abbaye de St Pere de Roda.  Mais l’étymologie retenue est le latin Rota équivalent à Roda en catalan. Le mot désigne une roue ou une meule de moulin et par métaphore un rocher ou un sommet arrondi ayant la forme d’une meule.

Rodés

Une traversée de Rodès au milieu de ses maisons du 18 et 19èmes siècles nous amène à l’église. Cette église dont les origines remontent au 12ème siècle fut reconstruite vers 1637.
Nous montons jusqu’aux ruines du château (13ème siècle). Nous constatons que la rue abonde vraiment sur cette colline. De là, nous rejoignons une piste qui marque la frontière du Roussillon et du Conflent.

Nous quittons rapidement la piste pour emprunter un sentier qui descend jusqu’au canal de Corbère. Nous nous apercevons que l’érosion est forte sur ces terrains pentus où la déprise agricole a rendu  aux terres leurs libertés. Une cabane de pierre, délaissée, nous observe en silence. Arrivés au bas de la montagne, le canal nous attend. L’eau y est abondante et glisse à toute vitesse.

 
le_pont_dels_sarrains
Le canal de Corbère peut remonter au 10ème siècle. D’autres sources le situent au 14ème  sous les rois de Majorque. Après avoir alimenté les moulins de Thuir, le canal descendait vers Canohès et Perpignan, puis allait se perdre dans l’étang de Canet. Actuellement il part directement du barrage de Vinça sur la rive droite de la Têt et reste sur la même rive pour franchir le défilé de la Guillèra. A son origine la resclose amenait l’eau sur la rive droite de la Têt. Puis le canal franchissait le fleuve par un pont aqueduc appelé Sant Pere et grâce  à de nombreux ouvrages de soutènement franchissait la première partie de la gorge rive gauche.
Ce pont se situait au niveau du barrage et disparait à la fin du 19ème siècle. Ensuite, par un audacieux pont appelé pont d’en Labau, le canal rejoignait la rive droite du cours d’eau. Déjà en 1430 l’ouvrage faisait référence aux Arabes, en se nommant pont dels Sarrahins. Mais en réalité la paternité de l’ouvrage ne leur revient pas. C’est vers 1725 qu’il faut situer l’abandon définitif de la rive gauche (violente inondation). En 1901 on décide de couvrir une partie du canal à l’intérieur du village de Rodès.  Le canal fut ensuite détruit par la terrible inondation de l’Aiguat de 1940. C’est après guerre que le canal prit l’aspect actuel (ciment…). Ces derniers travaux seront faits au titre de dommages de guerre et vinrent remplacer les réparations provisoires (en bois) faites  après l’Aiguat.

Nous nous engageons le long du canal. Nous apercevons rapidement les vestiges du pont viaduc. Nous rentrons rapidement dans les gorges de la Guillèra. Le sentier a été sécurisé. Nous marchons entre un canal où la vitesse de l’eau est grande (attention aux jeunes enfants) et une barrière longeant le vide. Au fond des gorges le fleuve fait son spectacle avec son eau tumultueuse.

 
On peut observer sur la rive gauche de la Têt les anciennes terrasses de culture de l’olivier. Nous devinons également l’ancien tracé du canal abandonné vers 1725.
Un peu plus haut les anciennes carrières de granit se sont tues au siècle dernier (20ème).
De retour au village, certaines personnes désirent continuer la promenade et c’est ainsi que nous nous dirigeons vers le barrage en empruntant une piste, rive gauche de la Têt.
Un petit repas (tout est relatif), à l’abri de la tramontane, se déroulera dans la bonne humeur.
Nous reprenons la randonnée. Les observations botaniques et les photographies continuent. Un sorbier domestique attire notre attention. Une belle station de lupins à feuilles étroites nous promet un beau printemps fleuri.
Cytisus

Nous arrivons au voisinage du barrage pour observer le piquage du canal de Corbère et la puissante gerbe d’eau qui jaillit de la retenue. Il était prévu au départ du projet une centrale hydro-électrique…
Sur la colline d’en face, réchappée de la noyade par sa position dominante, la chapelle St Pierre continue de nous protéger et nous regarde retourner au village.

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  Texte : Marc Damaggio
Photos : Marie-Ange Llugany et Jean Louis Jalla