Compte rendu de la sortie du 10 mai 2009 à Tautavel

A la découverte de la propriété départementale du mas de l’Alzine

 

Ce dimanche 10 mai, une quinzaine de personnes, regroupées dans 4 à 5 voitures, traverse le village de Tautavel et s’élance en direction de Cases-de-Pène pour stopper à l’entrée de l’ancienne carrière de calcaire blanc. Départ d’un périple de 5 km à travers un site qui n’est plus exploité depuis une quinzaine d’années et où la nature, outre la fosse d’extraction, œuvre et tente de cicatriser cette cinquantaine d’années d’exploitation intensive.

 
Vue générale
Le groupe

Au pied d’un chêne vert aux feuilles étrangement rondes, une présentation de la propriété départementale s’impose. La propriété a été acquise par le Conseil Général en 1930 afin, comme le précise la délibération de l’époque, d’améliorer le couvert forestier du bassin hydrographique du Verdouble et de l’Agly.
D’une surface totale de 490 ha, elle se répartit en 5 secteurs distincts. Nous choisirons comme cadre de notre randonnée, celui attenant à la carrière qui est le plus important en surface et qui s’étend de cette carrière aux gorges du Verdouble en aval de Tautavel. Nous suivons la route et cheminons au milieu d’une garrigue particulièrement verdoyante et fleurie. Les séquences pluvieuses de ce dernier hiver et printemps y sont  sûrement pour beaucoup.

 

La traversée d’une parcelle incendiée 2 ans auparavant, nous rappelle la sensibilité de ces espaces à l’incendie. L’aspect actuel de ces formations ouvertes dominées par le chêne kermès est sûrement une des conséquences de ces incendies répétitifs autrefois d'origine pastorale et aujourd’hui malveillante qui, au fil des siècles, ont fini par transformer le paysage territoire autrefois boisé.

trace d'un incendie
un parterre de gladiolus

Les bouquets fleuris de gladiolus x-dubius, de Phlomis lychnitis et les brins d’ophrys ponctuent la pelouse de brachypode rameux qui relie les fourrés de chêne kermès partiellement détruits par le feu.

On longe ce qui a dû être le cœur de la carrière avec sa fosse d’extraction et ses  remblais  sur lesquels des formes buissonnantes de Centranthus ruber aux colorations diverses à dominante rouge accompagnées d’Antirrhinum majus aux colorations tout aussi variées du jaune au rouge orangé, décorent et donnent un caractère naturel à cette friche industrielle.

Centranthus ruber

un parterre de centranthus
 
Muflier jaune   muflier rouge
 

En rejoignant la Route Départementale, on traverse des formations semi boisées à base de chêne vert de 2 à 3 mètres de haut, qui pourraient, d’ici une trentaine d’années et sans accident, évoluer vers une chênaie verte. On en profite pour rappeler la diversité du terme boisement qui cache toute une variété de formations forestières (hêtraie, subéraie, frênaie, chênaie,...).

 

L’après midi, nous nous enfonçons dans la partie de la propriété située dans la Zone de Protection Spéciale (ZPS) des basses Corbières.  Cette zone a été  créée en application de la directive habitat relative à la conservation des oiseaux, et qui s’accompagne de mesures effectives de gestion et de protection, pour répondre aux objectifs de conservations des habitats des espèces d’oiseaux potentiellement présentes comme l’aigle de bonelli, le martin pêcheur,... Nous en profitons pour rappeler les mesures de protection existantes en matière d’environnement et qui  s’appliquent généralement au niveau de l’espèce ou de son habitat, et ce, à différentes échelles. Au niveau des espèces,  animales ou végétales, les plus   menacées bénéficient d’un statut de protection qui en interdit ou réglemente le prélèvement (convention de Washington à l’échelle internationale, ainsi que les listes nationales et régionales des espèces menacées).

Pour assurer la protection des habitats, différentes mesures existent et consistent à mettre en place une protection au niveau d’un territoire sensible (arrêté de biotope, réserve naturelle intégrale), ou à délimiter un secteur au sein duquel on applique une gestion visant à protéger les habitats naturels menacés (Directive habitat : ZPS relative à la protection des oiseaux, ZCS relative à la protection d’espèces végétales).
 

On s’enfonce dans un chemin où un parterre d’Iris lutescens au stade fructifère, nous laisse regretter de ne pas être  venus plus tôt en saison admirer ces belles fleurs jaunes ou bleues.

Pin d'alep
le retour du botaniste
Malgré un temps maussade, on apprécie l’ombre légère de la petite pinède à  Pins d’Alep qui nous accompagne dans notre avancée. Après être revenus sur la RD, nous rejoignons les voitures,  ivres d’odeurs et de couleurs, la mémoire saturée pour certains et actualisée pour d’autres.
 

 

Texte : Serge Peyre
Photos : Monique Bourguignon, Jackie Lessard, Jean Philippe Rieutor et Serge Peyre