Compte rendu de la sortie du 18 avril 2010 au site des Dosses
   
Ce dimanche 18 avril, 23 personnes se retrouvaient à l’entrée de la presqu’île des Dosses au Barcarès pour une sortie botanique. Cette presqu’île située au Nord de la zone urbaine du Barcarès et en bordure de l’étang de Leucate, constitue un espace de transition entre un littoral urbanisé et un milieu lagunaire naturel.
D’une superficie de plus de 140 ha, elle est située sur la commune du Barcarès, de Leucate et une petite partie sur St Laurent de la salanque. Au préalable, une présentation de la « Mission Racine » s’impose afin de mieux comprendre la configuration environnementale actuelle dans cette partie du littoral.
La « Mission Racine » créée par décret, le 18 juin 1963 avait pour objectif d’aménager la zone littorale afin de diversifier l’économie régionale et développer une offre touristique. Des moyens ont été ainsi affectés et ont permis l’émergence de stations balnéaires nouvelles comme la Grande Motte, le Cap d’Agde, Gruissan, Leucate et Le Barcarès.

Le Barcarès a  donc été le théâtre, durant les années 70, d’importants travaux de terrassement et d’extraction qui ont généré des volumes considérables de remblais, entreposés sur ce secteur des Dosses et qui ont permis ainsi de réunir 2 îlots pour constituer la presqu’île d’aujourd’hui. De ce fait, ce que nous allons observer aujourd’hui, est le fruit d’une recolonisation végétale et naturelle engagée au cours de ces 40 dernières années. Ce sont l’Etat, les Communes et le Conseil Général des PO qui sont propriétaires des lieux. Du fait de cette diversité foncière, les objectifs de gestion peuvent donc différer. En ce qui concerne le Conseil Général, propriétaire d’une dizaine d’hectares, l’objectif de gestion future du site est clairement affiché sur son panneau d’information situé à l’entrée de la parcelle. En effet il est prévu de créer un espace naturel sensible et d’y mettre en œuvre un programme de valorisation écologique douce qui s’est concrétisé par la conduite d’une opération de réhabilitation de la parcelle  (enlèvement de dépôts sauvages, limitation de la circulation pour les véhicules à moteurs...) et qui devrait être suivi par la création d’un sentier d’interprétation.

Panneau d'information présentant les objectifs de gestion du Conseil Général sur la parcelle

Nous nous engageons sur le chemin qui longe le canal et découvrons tout un ensemble d’espèces inféodées aux milieux littoraux comme l’euphorbe des sables, la vipérine des sables, la luzerne maritime...
Nous traversons des formations herbacées d’où émergent ponctuellement des pins pignons aux formes si rondes, des oliviers de Bohème au feuillage vert tendre,  des peupliers noirs dressés, des amandiers fleuris de blanc.  
Le parterre discontinu d’Orcanette des teinturiers (ci contre) nous ravit par le bleu intense de ses fleurs.
Après quelques centaines de mètres, en bordure du chemin, nous trouvons alors  la Malcolmie ramifiée, le réséda blanc, le liseron soldanelle qui feront le bonheur des yeux et des photographes.

Après le repas, nous traversons un bras de l’étang et longeons un bosquet d’argousiers particulièrement impénétrable (ci contre). Au détour d’un chemin, une scammonée de Montpellier en phase végétative accroche notre regard. Un peu plus loin, un arbuste aux bourgeons émergeants, nous intrigue, c’est  tout simplement le lyciet commun.

Sur le chemin du retour, les flores sur les genoux, une bonne partie du groupe s’affaire à déterminer une plante prostrée qu’on croyait être, d’après la description de la flore catalane, la Frankénia  thymifolia (du fait de la forme des feuilles et de la présence d’incrustations salines sur les feuilles)  et qui s’avèrera être la Frankénia hirsuta.
Après avoir traversé une sansouire, formation herbacée en milieu salin, composée de salicornes et d’arroches, nous rejoignons  le parking.

Cette presqu’île des Dosses, propriété publique, et malgré sa récente artificialisation (- de 40 ans), présente un fort intérêt botanique par sa richesse et sa spécificité. 
En effet nous avons identifié au cours de notre cheminement, sur une partie du site seulement, plus de 100 espèces végétales, dont celles ci-dessous, spécifiques à ces milieux et bénéficiant d’un statut de protection :

Stachys maritima Gouan

Épiaire maritime

Protégée en Région Languedoc Roussillon

Malcolmia ramosissima (Desf.) Gennari

Malcolmie ramifiée

Protégée en Région Languedoc Roussillon

Hypecoum procumbens L.

Cumin couché

Inscrite au livre rouge des espèces menacées en France

Cynanchum acutum L.

Scammonée de Montpellier

Protégée en Région PACA

De ce fait, un travail d’inventaire et de cartographie semblerait opportun afin d’identifier les secteurs à forts enjeux environnementaux et d’améliorer ainsi la connaissance du site.
Ces travaux pourraient constituer ainsi un outil d’aide à la décision, pour les propriétaires publics (CG, Communes, Etat), dans les choix de gestion future des parcelles de ce site.

 
Texte et Photos: SMBCN